Reportage d'Hélène, concert de Montpellier, le 6 mars 2006
C’est le 7 mars, grève Nationale contre le CPE -, je me réveille déjà en retard. Une odeur de fumigène dans les cheveux, les jambes un peu raides. Je regarde mon fut’ au pied du lit et toute la soirée d’hier revient par scène, en vrac : Fabien, Christelle IndoReportrice avec moi, les balances, la première partie d’AqME carrément géniale et puis…. Le concert !
Le bassin soudé à la barrière, le dos entre deux coudes la place n’est pas franchement des plus confortables mais elle est inestimable : 5h d’attente pour certains ! Maintenant tout n’est plus qu’une question de minutes, 5, 10 peut-être.
On rit, on parle, on trompe l’ennui comme on peut. Dehors il fait noir, la nuit s’est laissée tomber depuis un moment, l’hiver ternit les fleurs et les herbes pendant que les Hommes dorment debout. Dedans on guette le premier coup de canon qui annoncera le début du concert.
Tout à coup le rideau tombe, voici le signal que l’on guettait : un jeune tambour démesuré projeté sur une toile, comme un guide vers un passage pour le voyage de l’autre côté du miroir. Là bas c’est à peine l’aube, l’aube d’une tournée, d’un concert. L’herbe est verte, les fleurs éclosent. Seuls deux arbres morts encadrant la sortie de la scène obscurcissent les lieux.
Mais bientôt le groupe commence le show, et en l’espace d’un accord le décor disparaît et ne restent que les membres du groupe tous aussi sexy et charismatiques que dans mes souvenirs.
Les chansons se déchaînent : Dunkerque, Adora, Marilyn, Punker, Atomic Sky, Gang Bang, Morphine, Mao Boy… chaque riff plus aiguisé que le précédent, chaque onde de basse plus profonde, chaque pulsation de la batterie plus intense, chaque note du clavier plus rassurante et chaque parole plus touchante.
Le public n’attend plus, il prend, il donne, il vibre, il saute, il hurle, il chante -parfois juste-, il jubile. Le groupe le tient dans le creux de sa main, et il le sait.
D’un cri Nicola met de l’huile sur un feu déjà incandescent, les corps brûlent et transpirent puis l’espace d’un murmure les diables du Zénith se transforme en enfants sages, les yeux qui brillent sous le noir des paupières, espérant à chaque pas du chanteur frôler sa main, croiser son regard, toucher du doigt une émotion qui sature l’atmosphère.
Puis déjà c’est le fin de la première partie, désormais chaque seconde compte un peu plus que la précédente, le temps passe trop vite, le medley est trop court, chaque chanson est trop belle. Certaines sont même sublimes Salômbo ou Pink Water par exemple.
L’émotion dégagée par le duo entre le groupe et le public est incroyable, la communion est parfaite et pourtant si spontanée. C’est immense. Viennent ensuite les morceaux cultes. Monte Cristo complètement déjanté, un véritable concentré d’excitation, et d’énergie – pour moi l’un des meilleurs moments du concert-, Punishment Park illustré par nos visages filmés auparavant par Fabien et défilant à présent sur l’écran géant dans le médaillon d’Alice & June.
Et puis bien sûr l’incontournable Aventurier, dont la mise en scène présente Nicola comme le vrai héros de tous les temps, surgissant de la brume, avec dans son dos les lumières rapides d’une probable bataille. Superbe. Et puis, doucement, les souffles deviennent plus longs, le rythme plus lent et doucement le temps d’un dernier morceau, le temps de fermer les yeux et de sentir le temps qui s’en va nous regagnons tous l’autre rive, à reculons, nous retournons à Montpellier et dehors il fait froid.
Hélène