Meteor Tour (2009)

Reportage de Stéphanie, concert de Montpellier, le 16 novembre 2009

Nous sommes déjà au Zénith de Montpellier depuis de longues heures lorsque mon téléphone vibre dans ma poche. Le numéro inconnu me fait douter mais je n’ose y croire, et c’est lorsque mon interlocuteur se présente comme Baloo l’ours que je réalise : après une bonne dizaine d’essais, me voilà IndoReporter.

Le rendez-vous est pris pour 17h et c’est avec une excitation grandissante que je partage le reste de l’après-midi avec mes compagnons de file ; j’aurais très bien pu les quitter pour ne revenir qu’à l’heure dite, mais un concert d’Indochine n’est pas un concert d’Indochine sans les heures d’attente, les retrouvailles, les rencontres, et les fous rires.

17h approche et j’aperçois Alain qui se dirige vers nous ; quelques minutes plus tard, pass IndoReporter collé sur la poitrine, je passe le portail sécurisé avec Thibaut, le second chanceux du jour. C’est sans perdre de temps qu’Alain nous présente tout ce qui se passe dans l’ombre, en commençant par un rapide tour à l’intérieur de la salle.

Il nous explique simplement comment se font les réglages de son et comment Nicola aime s’imprégner d’une salle avant d’y jouer. Bien vite nous ressortons, face aux impressionnants camions et nombreux bus derrière la salle. On se rend rarement compte de tout ce qu’un spectacle de cette envergure peut induire comme matériel et comme travail : de tôt le matin à très tard dans la nuit, cela n’arrête pas, chacun a sa place dans l’immense machinerie et chaque petit retard a une incidence sur tout le déroulement de la journée.

Découverte ensuite des deux poupées géantes gonflables qui avaient tant fait parler à Bruxelles : Alain nous apprend qu’elles ne plaisent pas et seront peut-être brûlées. Il faut les garder pour le SDF lance Thibaut, ce à quoi il s’entend répondre d’un mystérieux Pour le SDF, il y a autre chose... Nous continuons avec la visite du tour bus des boys : minuscules couchettes dissimulées derrières des rideaux, petite chambre aménagée dans le fond, espace cuisine, grand écran et console vidéo, l’espace réduit est optimisé au mieux.

Nous entrons ensuite dans la salle par la porte arrière : présentation de tout le matériel technique, des guitares d’oLi et de Nico, et de la petite loge de scène, très utile pour les petits interludes : elle contient le nécessaire pour les retouches maquillage et de quoi grignoter et se désaltérer selon les goûts de chacun. Les boys – sauf Nicola – sont déjà sur scène lorsque nous montons les marches pour les rejoindre.

Sensation étrange que de marcher parmi eux, de se retrouver sur cette scène vibrante de musique, face à une salle complètement vide mais déjà impressionnante. Un sourire est installé sur mes lèvres depuis mes premières secondes dans l’enceinte du Zénith et n’en décolle pas. Les 5 écrans géants sont testés, j’ose quelques photos, pas tout à fait à l’aise et ayant peur de les gêner.

Nous nous engageons sur l’avancée où nous découvrons les prompteurs et la proximité qu’il peut y avoir avec le public puis Alain nous fait traverser et, après avoir croisé les membres d’Asyl avec lesquels nous échangeons de timides bonjours, il nous présente le petit coin régie, les nombreuses guitares de Boris, son ukulélé, l’ordinateur qui règle les prompteurs, et nous décrit comment les boys perçoivent le son sur scène, grâce aux ears et aux retours qui envoient la puissance du live, voire à la petite plaque placée sous les pieds de Matu et qui lui transmet les basses manquantes à ses sons digitaux.

Ils sont tous concentrés autour de leurs instruments mais ne manquent pas de nous adresser quelques sourires et signes de tête accueillants lorsqu’on les approche. Alain lance le sujet de Savoure le Rouge, que tout le monde attend avec impatience : le morceau a été répété quelques fois mais l’arrangement ne les satisfait pas.

Nous descendons de la scène pour regagner la fosse pendant que notre guide du jour nous explique le côté technique, notamment la mise en place et le fonctionnement des moteurs qui actionnent lumières et écrans.

Nous parlons de choses et d’autres, de notre choix de place pour le concert, des membres du groupe, de l’élaboration de l’album, de nos goûts musicaux, des premières parties, de Montpellier…

Le temps file bien trop vite alors que j’aimerais rester à discuter là pendant des heures, en face des boys rien que pour nous. Mais Alain doit s’éclipser, il nous propose alors de prendre nos affaires afin de nous libérer, privilège accordé aux IndoReporters, et nous laisse profiter des jeux de lumières et de la salle vide.

Je parcours la fosse, m’aventure dans les gradins, observe chaque recoin en écarquillant les yeux comme une gamine, je ne veux pas perdre une miette de tout ce qui m’est offert.

Nicola arrive un peu plus tard, écharpe autour du cou, et tout de suite c’est une autre ambiance qui s’installe, alors que Thibaut et moi nous rapprochons des crash barrières. Je me balade des deux côtés de l’avancée, Boris s’assoit aux pieds de Marco pour jouer un peu de ukulélé, et Nicola sort son iPhone pour photographier son micro qui finira sur Twitter.

Place ensuite aux balances d’Asyl pendant lesquelles nous nous installons en gradins. Derniers moments de calme avant l’ouverture des portes et la course folle vers les premiers rangs à laquelle nous sommes habitués mais échappons aujourd’hui. Nous descendons et Thibaut s’accoude au bout de l’avancée pendant que je regagne la barrière entre oLi et Nicola. Les minutes semblent interminables et enfin se dessinent les premières silhouettes dans l’encadrement des portes. Peu de temps plus tard, Steph, Yann et Coco sont à mes côtés, essoufflés, et j’échange déjà avec eux mes premières impressions.

19h45, les membres d’Asyl investissent la scène. Loin d’être fan, je participe et applaudis cependant, pensant encore plus à comment être sur la scène en ce moment face à un public impatient ne doit pas être chose évidente. Et puis, je suis toujours déçue lorsqu’une première partie que j’apprécie est mal accueillie, alors 30 minutes de respect pour eux est bien le minimum que je puisse faire.

Le set d’Asyl terminé, tout le monde s’affaire en face de nous pour que tout soit en place dans les temps. Un grand rideau blanc, rappelant l’A&J Tour, prend place devant la scène, et les chansons d’entre deux guerres ne tardent pas à donner le ton.

Je trouve toujours ça dingue que le public d’un concert sente que le moment est proche. C’est toujours quelques minutes avant l’entrée en scène du groupe que les acclamations se font plus présentes et que la pression monte. Ca crie, ça siffle, ça tape des mains. Et enfin, les lumières se baissent…

Les sirènes se font entendre et une liesse collective leur répond, alors que sur le rideau blanc sont projetés des visages de dictateurs, laissant vite place au passage d’un dirigeable puis à l’apparition troublante du cheval au masque à gaz et de son cavalier.

Le rideau tombe. Un homme assis dans un couloir, à l’enfantillage, …, Go Rimbaud, Go ! est lancée sans répit, son rythme fait vibrer la salle entière, des milliers de bras se lèvent. Nicola ne perd pas une seconde pour s’aventurer sur l’avancée et Boris en profite pour sur l’estrade placée en milieu de scène.

Ca saute de partout et la foule reprend les Woh oh oh oh Ouh ouh en chœur. La scène se nimbe de rouge pour Marilyn et la chaleur continue de monter. Republika marque la première descente des écrans, les cloches résonnent et le pas des militaires sur les vidéos colle au martèlement de Shoes sur la batterie.

Après ce puissant trio d’introduction suivent Little Dolls et son clip sorti il y a plusieurs mois, le public scande les paroles qu’il connait par cœur. Un œil apparaît sur les écrans et un jeune garçon sur fond rose nous apprend que Hier soir j’ai regardé un film pornographique… avec ma mère en guise d’introduction à Play Boy.

Nicola parcourt la scène en sautillant de tous les côtés et les boys se font plaisir. Histoire de rester dans la même ambiance, c’est cette fois un garçon en robe de marié qui nous toise, les guitares se mettent à vrombir et l’intensité monte encore d’un cran pour Punker.

Les lettres défilent tout autour de nous, formant quelques mots-clefs extraits des paroles, Boris s’occupe des chœurs, et dans la fosse, on saute à en perdre haleine.

Quelques secondes de pause nous sont accordées avant que Nicola nous invite à frapper des mains en rythme : petit bon en arrière avec Drugstar, joyeusement accueillie.

C’est le dernier single Le Lac, qui nous permet de reprendre doucement notre souffle. Sa vidéo spéciale pour le live capte tous les regards, le décor en noir et blanc nous promène tout d’abord entre les arbres avant d’atteindre l’étendue miroitante, et la silhouette de Nicola s’avance petit à petit dans l’eau, jusqu’à finir par y plonger la tête. Le calme et les émotions demeurent, Oli quitte sa guitare pour les claviers et on reconnait les premières notes d’une qui me fait frissonner, Le Manoir. Emmène-moi, emmène-moi encore plus bas…, je murmure les paroles du bout des lèvres, mes yeux brillent et plus rien n’existe autour de moi.

Les lumières bleuissent, des milliers d’étoiles s’étendent sur les écrans, J’ai Demandé à la Lune et 3ème Sexe en version piano voix s’enchaînent, Matu plongé dans la lumière. Le public chante seul pour la plus grande partie et Nicola se noie au milieu des voix au bout de l’avancée, j’en profite pour observer ce qui se passe sur le reste de la scène, une intensité particulière règne pour quelques minutes.

A chacun son moment sous les projecteurs, cette fois c’est Boris frappant sur des futs pour la solennelle Lettre de Métal. A la demande de Nicola, le public recrée une constellation de téléphones portables, je jette un regard en arrière, l’effet est émouvant, et le morceau se termine sur un cimetière de croix rouges.

Le rythme remonte doucement avec Un Ange à ma Table, et la participation de Sue à travers les écrans. La vidéo est superbement réalisée et le visage féminin aux traits fins est sublimé par le noir et blanc. Et puis le riff d’Alice & June résonne et soulève la foule en un quart de seconde, le premier morceau de l’album de même nom déchaine le public entier. Les boys se donnent à fond, l’énergie du groupe se communique jusqu’aux gradins et ce sont des milliers de personnes qui sautent et chantent en rythme.

La voix de Théa prend le relais pour nous réciter un petit conte, et les jolies couleurs de Popstitute ornent les écrans. L’ambiance ne baisse pas d’un ton, et la folie demeure sur scène comme dans la salle avec le Club Meteor : You Spin me Round déjà culte fait remuer les corps, Canary Bay, Les Tzars, Des Fleurs pour Salinger nous plongent dans des années plus éloignées, Adora se distingue par ses vidéos filmées en direct et Mao Boy achève tout le monde.

Il est temps du premier rappel, le groupe quitte la scène et c’est uniquement oLi qui revient pour celle que j’attendais. Je regrette un peu que June soit raccourcie mais cette nouvelle version est des plus bouleversantes. L’intro par oLi seul avec sa guitare sous un faisceau de lumière résonne dans chaque cellule de mon corps et la puissance qui monte au fur et à mesure des entrées en jeu de chacun jusqu’au final extatique nous renverse.

La mythique Trois Nuits par Semaine poursuit mais l’enchaînement me paraît rude, j’ai du mal à redescendre et met du temps à rentrer dans le morceau. Enfin, lorsque Junior Song commence, je suis à 100% dedans et hurle les paroles, et c’est la touchante Bye-bye Valentine qui signe de nouveau le départ du groupe.

La foule trépigne mais bien vite se font entendre des bruits inquiétants et apparaît sur les écrans un saisissant paysage de guerre qui défile de droite à gauche : un champ décimé, des restes de chars et de canons, des arbres brûlés et déracinés, un avion fumant perdant de l’altitude et se dirigeant vers le fond…

Devant cette vision apocalyptique, les instruments abandonnés dessinent des ombres photogéniques, et les silhouettes de nos musiciens qui reviennent petit à petit en deviennent presque impressionnantes. Les premières notes de L’Aventurier se sont enfin entendre et en quelques secondes le morceau est lancé et la salle entière hystérique : l’hymne rassemble les foules, le public hurle et se démène comme jamais, les boys sur scène sont déchaînés, tout le monde vibre à l’unisson, le morceau dure encore et encore, la fin ne semble jamais arriver et on ne souhaite même pas qu’elle le fasse, mais c’est dans une explosion de folie furieuse que le morceau se termine.

Un de mes titres préférés de La République des Meteors arrive, c’est Le Dernier Jour. Après avoir lu les comptes-rendus des dernières dates, je n’ose détourner mon regard vers l’avancée, mais jolie surprise ce soir, aucune montée de fans n’est tentée, je n’aurais pu l’espérer. Je profite donc du morceau que je trouve rempli d’émotions qui s’accordent parfaitement aux images de joie et de fête qui défilent sur les écrans. Nicola nous prend une dernière fois en photo, oLi, Boris, Matu, Shoes et Marco nous saluent en souriant, sous les acclamations et les remerciements.

Troisième et dernier rappel ce soir, ils reviennent nous offrir Electrastar alors que Boris à genoux devant Marco, lui offre une fleur géante lancée par le public. Le morceau est intense et puissant, et les lumières vives qui se rallument quelques secondes seulement après la fin nous paraissent bien trop cruelles, la redescente est rapide et violente.

Mais ce n’est pas tout à fait fini pour nous et nos invités. Nous rejoignons Casimir comme convenu, au milieu de journalistes de RTL2, et pénétrons dans l’arrière de la salle. Nicola est déjà parti et les autres sont encore dans les loges mais ils ne tardent pas à descendre, un par un. Shoes retrouve des connaissances et s’installe devant Skype, je récupère une setlist et nous attendons un peu que tout le monde ait le temps de se poser.

Alain vient nous retrouver et nous emmène, Thibaut et moi, vers le tour bus où Boris et oLi sont allés se réfugier à la recherche de calme. Marco nous rejoint également, la timidité m’envahit et je n’ose m’imposer, on prend le temps de quelques photos et autographes et on échange quelques mots, certains tentant de nous mettre à l’aise.

Retour à l’arrière de la salle, on continue la séance photos et autographes avec Shoes puis Matu, parfaitement détendus, souriants et attentionnés. Nous restons encore un moment à profiter de la chance d’être là, Alain me ramène mes affaires, les au-revoirs sont de rigueur, et nous quittons le Zénith dans la nuit noire, ma tête chargée de souvenirs volant parmi les météores…

Stéphanie

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