Reportage de Sandra, concert de Reims, le 17 mars 2006
Eternellement vôtre...
La sonnerie de mon portable m’ouvre la voie, son prénom a suffit à ce que je sache instantanément de quoi il est question. Pourtant, à défaut de savourer le moment sur l’instant, je cherche encore à comprendre.
Mon esprit s’évapore, le rien s’installe. Puis, réflexe de survie, une unique idée en tête : Partir vite, rejoindre l’antre, le repère. Je m’engouffre vers l’inconnu, me fond dans le noir absolu de la salle immensément vide. Un large coin de verdure aimante mon regard, les riffs d’Aujourd’hui, Je Pleure transpercent le silence, du bout des lèvres, je joue à Nicola, qui ne tarde pas à me remplacer.
Il va et vient sur l’avancée de la scène, s’essaie sur Un Homme dans la Bouche avant de m’offrir à deux reprises une jolie berceuse. Je bois ses paroles de jouvence, la petite Talulla que je deviens ouvre de grands yeux remplis d’étoiles qui piquent devant l’inespéré.
Un clignement de paupières plus tard, l’heure est à la séparation courte mais brutale. J’erre dans ce hall triste à pleurer devant le rideau noir, de rouge enrubanné, estampillé de ce nom que je vais scander bientôt.
Derrière une lourde porte, retour vers le monde, la lumière fait mal, la foule amassée dans le froid au loin prête à bondir me fait peur. Entre deux eaux, je navigue, le studio photo improvisé, les filles du merchandising prêtes à faire front, Boris hésite entre deux tee-shirts.
Soudain, des cris, des signes, le compte à rebours est lancé. Des battants claquent, le brouhaha se rapproche.
Je connais cette course folle vers les barrières du premier rang, les jambes engourdies par ces heures d’attente, le cœur lancé à cent à l’heure et la délivrance d’y être enfin. Je me fige devant l’entrée centrale, je veux sentir le souffle de leur pas de charge. Ils avalent les dizaines de mètres qui les séparent de la scène dans une foulée compacte et passent sur moi en rafale.
Une fille s’écroule devant moi, ses plates formes shoes lui jouent des tours. J’assiste à ce déferlement de passion, immobile, spectatrice, je me regarde traverser cette salle dix sept ans plus tôt. Une pluie d’étoiles me monte aux yeux, je suis prisonnière à jamais, je viens de le comprendre. Je retrouve mon amoureux de la vraie vie, nous prenons place, il le faut, j’oubliais presque la raison pour laquelle je suis là.
Le show s’annonce déjà, et me rapproche inexorablement de la fin de cette parenthèse magique. Plus de deux heures pendant lesquelles je m’époumone, je saute toujours plus haut. Nicola remarque l’accueil chaleureux que nous leur réservons, décuplant notre enthousiasme. La set liste défile trop vite et s’achève sur Black Page au grand dam des Talulla-fans dont j’aurai pu faire partie.
Les privilèges qui m’ont été aujourd’hui offerts, m’exonèrent de cette déception éphémère.
Je remercierai volontiers inlassablement l’Indochine staff, unique responsable de cette avalanche d’émotions. Parce que je suis agitée d’une volonté incorrigible, d’un besoin irrésistible, un seul mot ne me vient : Encore.
Sandra