Meteor Tour (2009)

Reportage de Magalie, concert d'Amnéville, le 24 novembre 2009

Ce mardi 24 Novembre 2009 ne devait pas être une journée comme les autres pour moi

Je le savais depuis des mois, cela devait être ma première date sur le Meteor Tour.

Lorsque je reçois cet appel surréel en début d’après-midi, je comprends subitement que cela ne sera définitivement pas une journée comme les autres, ni un concert comme les autres qui m’attendra ce soir là…

La nervosité me gagne tout le long du trajet vers la Galaxie des Meteors mais je me rends compte qu’en même temps je savoure ces instants que le sort a bien voulu m’offrir, comme un doux prélude à ce qui suivra après…

A peine le temps de déposer mes affaires à l’hôtel que me voici prise dans un tourbillon d’émotions qui ne s’arrêtera qu’une petite dizaine d’heures plus tard. Il faut faire vite car je suis attendue.

Alain vient nous accueillir, Loriane la seconde chanceuse de la journée et moi-même, et nous entrons directement dans la salle.

Vide, elle me semble immense et prête à m’engloutir.

Je tente de prendre possession du lieu et me laisse guider par notre ange gardien dans tous les coins et recoins que nous sommes autorisés à visiter. J’écoute consciencieusement ses explications sur l’envers du décor de la Machine Indochine. J’apprends qu’une centaine de personnes travaillent dans l’ombre, de jour comme de nuit, pour nous donner chaque fois le spectacle que nous attendons. Chaque retard dans l’installation peut être lourd de conséquences car il perturbera alors le planning de toute la journée. Tout est donc programmé du mieux possible pour limiter les risques.

Tout est calculé dans le moindre détail, rien ne doit jamais être laissé au hasard pour permettre aux artistes de retrouver leurs marques où qu’ils soient. Alain nous explique la régie son, les lumières, les réglages, les projections. Sans tout cela et le professionnalisme des techniciens et ingénieurs, le concert ne pourrait exister.

Nous nous dirigeons vers la scène, par la gauche, comme le font toujours les artistes par habitude, voire superstition. Mais juste avant de monter l’escalier, nous découvrons une loge minuscule, qui permet de se changer très rapidement, de se remaquiller et de grignoter pour reprendre des forces. Je suis surprise car il est impossible pour nous de la discerner de la salle. Toutes les guitares sont rangées à côté également, à portée de main. Puis nous accédons à la scène.

C’est très étrange de nous retrouver sur cette scène qui sera bientôt l’objet de toutes les attentions et qu’Indochine au grand complet envahira quelques heures plus tard.

Je suis intimidée car le groupe, sans Nicola, est déjà là en train de faire les balances.

Nous nous faisons toutes petites car nous ne souhaitons pas déranger l’équipe qui évolue de manière très studieuse. Quelques petits signes pour dire bonjour, des sourires… A peine quelques photos pour ne pas les déconcentrer et nous nous éclipsons.

J’observe de loin le décor, épuré, et surtout ces écrans géants dont j’ai beaucoup entendu parler mais que j’ai toujours refusé de découvrir avant ce Grand Soir. Ils m’impressionnent déjà tellement par leur taille… Je comprends qu’ils seront les seuls éléments de décor et j’imagine déjà qu’ils vont nous plonger tour à tour dans des univers différents au fil de la soirée.

Nous traversons les couloirs, les portes s’ouvrent et nous permettent de saluer les membres de l’Indo crew qui vaquent à leurs occupations et qui semblent bien occupés. Nous découvrons le catering. La nourriture est transportée dans de grands caissons noirs (comme tout le reste d’ailleurs), mais comme la mention do not tip l’indique, il ne faut en aucun cas renverser ceux-là sous peine de ne plus avoir de quoi se sustenter !

Notre Maître de Cérémonie passe en revue tout ce qu’il croise sur son chemin et va deci delà de petites anecdotes en grandes confidences.

La visite se prolonge par la découverte de l’extérieur. Plusieurs grands camions rouges sont garés et témoignent des tonnes de matériel qui sont transportés, jour après jour, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest de la France. Plusieurs bus sont nécessaires pour transporter tout ce petit monde.

L’IndoBus nous permet de découvrir une partie plus intime de la vie des artistes : l’espace détente comprenant console, grand écran, l’espace restauration, l’espace repos avec des couchettes pas très larges et une vraie chambre au fond du bus avec tout le confort nécessaire. La vie sur la route s’articule autour de ces quelques mètres carré d’espace, plutôt bien optimisés.

Ensuite nous retournons dans la salle assister aux balances des Dead Sexy Inc., groupe qui m’a semblé fort sympathique lorsque nous nous sommes arrêtés pour leur dire quelques mots.

Puis arrive le délicieux moment du choix de notre place pour le concert, l’un des plus grands privilèges de notre statut si particulier. Pour la première fois, il m’est possible de prendre place au premier rang afin de profiter des prestations du groupe au plus près.

Il n’en sera rien car il n’est nullement concevable pour moi de ne pas partager cette fête avec mes amies, comme à chaque fois. Après avoir immortalisé notre rencontre, je quitte Loriane qui, quant à elle, décidé de rester près de l’avancée.

Je choisis pour ma part les meilleures places en gradins, à droite de Boris, qui nous permettront d’accrocher notre étendard témoignant de notre passion pour le groupe, comme nous l’avions fait sur la tournée précédente.

Les portes de la salle sont désormais ouvertes. Je regarde l’espace se remplir, sensation étrange que d’être, au moins une fois, spectatrice de cette marée humaine qui ne cesse de monter.

J’observe la foule qui arrive essoufflée. Etrangement, les visages me semblent plus marqués, moins jeunes que sur la tournée précédente. Est-ce une simple impression ?

La marée commence à stagner. Les lumières s’éteignent enfin pour laisser place aux Dead Sexy Inc. et à leur musique punk so, so sexy. Ils dégagent une réelle présence sur scène et parviennent à s’en emparer au fil des titres qui s’enchaînent. Le public semble accrocher. « Ca plane » pour nous tous sur le dernier morceau…

La demi-heure qui suit me semble une éternité. Enfin, les vieilles chansons françaises se font entendre…

Je suis émue ce soir. Je nous revois sur la tournée précédente, à avaler les kilomètres, à multiplier les dates pour retrouver les mêmes émotions, et ce soir, je frissonne à l’idée de revivre cela et suis tellement heureuse de commencer par une si belle soirée.

Soudain, la salle se retrouve plongée dans l’obscurité pour de bon. Plus rien n’existe pour moi. Je commence à m’agiter et à trépigner d’impatience. Je sais que je vais me trouver transportée sans que je n’y puisse rien, une nouvelle fois.

Les premières notes de Go Rimbaud, Go ! résonnent. Les cris et les applaudissements envahissent l’espace. Je sens que l’euphorie commence à me gagner…

Mon coeur bat la chamade… Nous y voilà enfin… Après deux ans d’abstinence, je me rends compte que je ne suis pas sevrée, loin de là. Je sais que cette soirée va sans doute – et il le faut – me doper pour quelques temps encore… Pour l’heure, je ne tiens plus… le grand rideau tombe à terre et je me mets à sauter, crier et bouger au rythme de la musique, accueillant le groupe de tout mon être, de tout mon cœur.

Ca y est, je suis prisonnière pour mon plus grand bonheur. Je ne peux m’enfuir, bien au contraire, je voudrais rester prise au piège pour l’éternité. Tout le groupe apparaît, ils sont tous élégants, souriants et concentrés à la fois. Le public est en extase. Notre groupe est enfin là…

Nicola se tient au centre, tel un grand Orateur, et nous attendons sa Messe. Je guette un signe de faiblesse de sa part, mais lui que l’on disait souffrant ne montre rien. Egal à lui-même il envahit le lieu à gauche, à droite, vers l’avancée. La scène semble le faire renaître et c’est rempli d’énergie qu’il entame la violente Marilyn.

Je suis épatée par tant d’ardeur. Son charisme est toujours aussi impressionnant. Les tournées se suivent et il me semble de plus en plus fort, et toujours aussi revendicatif lorsqu’il entonne On sera républicains de loin pour notre plus grand plaisir…

L’ambiance devient de plus en plus survoltée, j’ai déjà du mal à retrouver mon souffle, j’ai déjà extrêmement chaud et soif. J’avais oublié à quel point c’était éprouvant de partager cette Communion. Des gradins, je regarde le public se déchaîner sur Little Dolls pendant que des images de guerre et de pin-ups se mélangent sur les écrans géants.

Ca y est, nous voici tous en osmose. Les images colorées m’étourdissent. Elles me donnent l’impression de vouloir s’emparer de moi et ne plus me laisser partir. Je suis subjuguée.

Je suis perdue dans les morceaux. Je ne reconnais pas les nouvelles introductions et je dois bien avouer que c’est très agréable d’être surprise de titre en titre.

Je plane et je savoure pour la première fois Drugstar, souvenir de mes plus jeunes années, en live. Les images en noir et blanc du Lac me laissent sans voix et frissonnante. Elles sont sublimes et me fascinent. Comme c’est bon de redécouvrir Le Manoir qui me ramène quelques années en arrière…

Puis le rythme se ralentit, le traditionnel J’ai Demandé à la Lune laisse la place à Tes Yeux Noirs en version piano voix, et me permet d’observer attentivement de haut cette fois-ci, le champ de bataille, la scène, sans aucun artifice, juste de simples sirènes de guerre semblant prêtes à nous donner l’alerte…

Je me retrouve dans cet état de transe extatique. La magie Indochinoise est bel et bien là, encore une fois. Elle opère sur nous tous et nous envoûte jusqu’à ce que nous ne fassions plus qu’un au moment de l’émouvante Lettre de Métal. La salle n’est plus qu’une immense tranchée à ciel ouvert. Les étoiles se multiplient dans le ciel, comme un hommage touchant au rédacteur de la missive. J’ai la chair de poule. Les frissons m’envahissent et nous vibrons tous à l’unisson au son des percussions.

Il est grand temps de se ressaisir, Un Ange à ma Table et Alice & June sont là pour me propulser encore plus haut, tandis que Popstitute m’emporte au Paradize pour mon plus grand bonheur.

Le Meteor Club nous permet de continuer encore et encore cette grande Célébration. Les vieux titres se mêlent à d’autres plus récents. Les projections aux couleurs vives se multiplient et nous donnent l’impression de nous trouver en plein psychédélisme.

Je me sens dans un état de félicité totale, mes yeux brillent de joie, mon cœur déborde de gratitude…

Je savoure chaque seconde, chaque détail, mais je sais que j’arrive au terme de cette première bataille…

Les rappels me font puiser dans mes dernières ressources, je saute, je crie, je chante toujours plus fort.

L’émotion m’envahit comme à chaque fois, lorsque je vois le public tout entier s’agiter sur 3 Nuits par Semaine, tous les êtres insensibles à la fatigue, juste désireux de se sentir plus proches du groupe et de s’unir avec eux, avec nous, sans faiblir.

Soudain, des scènes de désolation en noir et blanc apparaissent sur les écrans, une vision apocalyptique de fin de conflit qui me fait frissonner. L’atmosphère devient pesante, je retiens mon souffle. Je me sens perdue et je ne reconnais pas la nouvelle introduction à L’Aventurier. Je suis bouleversée par les images. Pourtant, c’est bel et bien ce grand classique qui nous attend.

Après quelques accords, la ferveur du public est comme à chaque fois aussi impressionnante. Nous avons tous le point levé vers notre Leader, il nous est impossible de le quitter du regard. L’envoûtement est total. Ma vraie vie n’existe plus à ce moment là. Tout ceci Est ma vraie vie… Et nos corps en redemandent…

Je succombe comme toujours sur ce titre. J’observe la Communion qui lie le public et le groupe et je reste convaincue que la relation que nous entretenons avec ce groupe est Unique. Le groupe pour son public et le public pour son groupe. Ce quelque chose d’exclusif qui n’existe nulle part ailleurs et que personne ne pourra jamais nous enlever… Qui peut rester insensible à cela ? Qui d’autre peut se targuer d’une telle symbiose ?

Malheureusement, la fin est proche, inéluctable. Le temps ne s’est pas arrêté, comme je me suis surprise à l’implorer dès le début des retrouvailles. Après un sublime Dernier Jour, Electrastar vient achever la performance en force.

Le groupe quitte la scène. Les lumières se rallument. Les visages sont fatigués, hagards.

Il nous faut partir de la salle, des étoiles pleins les yeux, mais également étourdis par ces heures d’intense partage avec le groupe. Ultime moment dérangeant et ambigu où notre corps tente de se remettre mais où l’esprit revit le concert une seconde fois.

Pour l’heure, nous nous devons de revenir à la réalité plus vite que d’accoutumé car Alain nous attend afin que nous puissions prolonger la féérie Indochinoise, autrement.

Nous nous retrouvons dans la salle de catering, encore groggy de ce que nous venons de vivre.

Nous félicitons chaleureusement le groupe, le staff pour cette soirée inoubliable et partageons avec tous quelques bulles ramenées de ma Champagne natale. La fin de soirée est délicieuse, pleine de rires, de partages et de discussions endiablées.

J’ai beaucoup apprécié passer ces dernières heures différemment, avec ces artistes qui nous font rêver sur scène et qui sont d’une gentillesse et d’une simplicité incroyables au dehors.

Merci Nicola d’avoir continué et d’être toujours là.

Merci à vous tous, le staff, la sécurité, Indochine, Boris pour m’avoir donné la chance de découvrir cet Autre Monde, Matu, François, Marco, Boris et oLi pour votre courtoisie et votre disponibilité.

Merci à Loriane pour cette belle rencontre. Suivre Indochine, c’est cela aussi. C’est découvrir des êtres exceptionnels que nous n’aurions jamais eu l’occasion de connaître autrement.

Merci à mes amis qui partagent cette passion et sans qui ces périples n’auraient pas la même dimension.

Un Merci spécial plein de reconnaissance à toi Alain pour ton accueil, ta patience, ta bonne humeur, tes anecdotes et ton incommensurable bonté. J’ai été très touchée. Tu ne faillis pas à ta réputation.

Grâce à vous tous, je n’oublierai jamais cette journée du 24 Novembre 2009. Prenez soin de vous. A très bientôt sur les routes.

Tendres baisers.

Magalie

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