Alice & June Tour (2006-2007)

Reportage de Laurent, concert de Saint-Etienne, le 18 mars 2006

Indo 06

Indo ma vie ça on le sait un samedi de mars 2006, tu lâches un ami qui t’attend pour son anniversaire, enfiles ta vieille tunique baiseuse de groupe, un sourire ironique aux lèvres, parce que finalement, c’est un peu la maison BMG qui a eu Indo, dans le fond.

Indo ma vie ça on le sait ce samedi de mars 2006, tu arrives en retard au rendez-vous de départ, écoutes ton amoureuse ne pas en revenir parce que ça ne se fait pas, jamais pour Indo, puis se répandre en excuses avant de préparer des provisions pour la file d’attente.

Parce qu’Indo ma vie ça on le sait le samedi 18 mars 2006, tu fais évidemment la queue dans le froid dès le début de l’après-midi, après s’être perdu en carrosse dans St-Etienne qui ne ressemble pas vraiment à Lyon, retrouver tous ces gens que vous avez rencontrés grâce à cette troupe, pour le meilleur et pour le pire, en éviter certain(e)s avec lesquel(le)s tu ne t’accordes plus quant au concept de fan.

Indo ma vie ça on le sait en cette fin de journée 2006, tu te rues vers le Palais des Spectacles comme un gamin dans la cour de l’école, se précipiter au devant de la scène afin d’avoir les meilleures places, face Nicola pour les un(e)s, flanc Boris pour les autres, voire côté oLi qui compte de plus en plus de courtisanes. Eluder l’IndoStudio qui réserve pourtant une belle surprise à ses modèles, apprécies la prestation basse-batterie-guitare d’Asyl en se disant que juste après, juste après, il y avait bien une place à prendre pour une division de la joie en (bon) français. Puis soulever le rideau au risque de se gâcher la surprise.

Indo ma vie ça on le sait quand la lumière tombe en 2006, tu bats la mesure du pied sur la douce rébellion d’Arcade Fire avant d’être surpris par une promesse s’insinuant de son rythme déréglé pour introduire un fantasmagorique joueur de tambour en lumière et tissu. Limite s’évanouir en découvrant, les yeux qui brillent, les six plantés dans le décor, prenant d’assaut, des ombres sur l’o, Dunkerque (verte, comme la fausse pelouse de la scène). Se prendre dans un souffle Les Portes du Soir (pas si Alyénées que ça) puis Alice & June qui obligent le déjà bondissant Nicola à se précipiter vers son souffleur à l’approche des couplets. Etre à fond comme tous ses voisins et ne plus prêter attention à la qualité scénique du morceau, que tu espères quand même meilleure que dans un grand journal.

Indo ma vie ça on le sait en reprenant son souffle en 2006, tu fais semblant d’apprécier Marilyn, serres les dents quand arrive le redoutable passage en anglais, restes un peu sceptique quand suit l’Adoration, te consoles avec le joli livre d’images offert derrière le groupe, retrouves la folie furieuse du paradis sexuel Singapour, porter la main à son cœur avant de partir au milieu des atomes célestes, retrouver des visions tzaristes lors d’un Gang Bang finalement bien sage, observer amusé ce killounours mi grande dame mi garçon, demander la lune pour obtenir un Nicola percussionniste comme on en avait plus vu depuis trois ou sept mille danses, sous Morphine, et se retrouver le lendemain, Un Homme dans la Bouche, au réveil.

Indo ma vie ça on le sait sans rappel en 2006, tu t’émeus pour une June pas si anorexique mais néanmoins suicidaire, sourire en coin devant les trous de mémoire de Nicola Sirkis, que l’on soit sur ou hors la scène, cries comme une pucelle hystérique (genre Jeanne Jovovich, ex égérie du seigneur Besson qui, comme chacun sait…) quand retentissent les premiers accords de Trois Nuits par Semaine, danser au Paramount Club avec une Laponne, un comte et un robot, tous méconnaissables et un peu amochés, revivre juste une nuit, juste une nuit intime, faite de rêves, d’amours fous, de mèches de cheveux tripotées délicatement, de contes et de roses, de l’eau de roses tu sais…

Tu sais, qu’Indo ma vie ça on le sait en 2006, revient à compter pour ce groupe, que tu sois garçon, fille, jeune, vieux, inconditionnel ou rancunier, demain dans ta rue, demain dans ta ville. Tu sais que c’est perdre son modjo en attendant un brillant qui part, je ne reviendrai jamais, tandis que Bob Morane reste bien le roi de la terre.

Indo ma vie ça on le sait dans la nuit en 2006, tu te disputes avec ton prince charmant n’existe pas, ne toujours pas en revenir qu’il ait raté un message pour faire partie des admirateurs privilégiés, lui en vouloir à la vie comme à la mort pour ça.

Indo ma vie ça on le sait ce soir-là de 2006, ce n’était jamais que ça, et trois mille quatre-vingt-dix-neuf autres choses à la fois. We love to stay, mais tu ne sais pas celles qui resteraient.

Laurent

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